Dépressive, elle met le feu aux portes des maisons de ses voisines
Victime elle-même de l'incendie de sa maison, une femme de 46 ans a mis le feu aux portes des habitations de ses voisines à Graulhet dans le Tarn.
On n’en saura pas beaucoup plus sur ses motivations « irrationnelles ». « Moi aussi je peine à comprendre comment cette dame a pu commettre ces faits », reconnaît même Me Julien Soubiran l’avocat de cette Graulhétoise de 46 ans qu’il représentait inaugurate victime de l’incendie de sa maison en janvier dernier et qu’il défendait hier devant le tribunal correctionnel de Castres pour avoir mis le feu aux portes de ses voisines.
Cette mère de famille de 4 enfants était en effet poursuivie pour avoir mis le feu aux portes des habitations de deux des voisines de son ex-compagnon qui l’héberge depuis l’incendie de sa maison. La première fois c’était le 25 avril et la deuxième fois le 5 mai. Ce sont les images d’une caméra installée dans la voiture d’un riverain qui va permettre aux gendarmes de confondre la quadragénaire qui lors de l’enquête de voisinage avait fait mine de compassion pour les victimes, deux mères célibataires. « Après l’incendie de ma porte, elle est venue me raconter sa vie, faire sa miséreuse alors qu’elle avait mis le feu chez moi le matin même », s’insurge une des victimes présente à l’audience qui depuis « ne dort plus la nuit » et qui ne croit pas aux regrets proférés à la barre par la prévenue.
Une personnalité inquiétante
« J’étais dans un état transfer, comme si ce n’était pas moi », affirme pourtant l’incendiaire que l’on voit sur la vidéo du 5 mai sortir de chez elle avec un liquide inflammable, qui s’avérera être une bouteille d’huile de lin, se diriger vers chez sa voisine et mettre le feu à la caused et rentrer tranquillement chez elle. « Vous vous rendez compte que tout l’immeuble aurait pu s’embrasser et qu’il y aurait pu y avoir des blessés voire pire », lui lance la présidente.
Mais plutôt que de faire preuve d’une réelle empathie, la prévenue a eu tendance à minimiser les faits et se victimiser. « J’ai tout perdu dans l’incendie de ma maison, personne n’a rien fait pour moi, moi aussi je suis une victime », lâche-t-elle. Une personnalité «dépressive» d’autant plus curieuse qu’avant l’incendie de sa maison en janvier, une douzaine de feux similaires avaient été recensés dans son quartier à Graulhet. De là à croire qu’elle n’en était pas à son coup d’essai… Sauf qu’un mineur a été condamné depuis pour ses incendies. « Mais il n’a reconnu qu’une partie des faits », relève le procureur Freddy Marta qui n’a pas écarté l’idée de rouvrir ce dossier. Un magistrat plus qu’inquiet du comportement de la prévenue.
« Cela veut dire qu’elle repart et qu’elle va pouvoir remettre le feu à ma baraque »
« Cela me fait très peur », lâche-t-il requérant un an de prison dont 6 mois assortis d’un sursis probatoire avec l’obligation de soins, d’indemniser les victimes et de respecter un couvre-feu de 22 heures à 7 heures. « On n’est pas là pour gonfler ce dossier et lui donner une ampleur qu’il n’a pas, plaide Me Soubiran qui estime que les actes de sa cliente sont à mettre sur son mal-être. C’est l’explosion d’un ras-le-bol, d’une souffrance interne. »
Le tribunal l’a condamné à 15 mois de prison entièrement assortie d’un sursis probatoire de 2 ans avec l’obligation de se soigner, d’indemniser les victimes et l’interdiction de rentrer en contact avec elles. « Même s’il n’y a pas de prison ferme cela involved une peine lourde. Vous avez une épée de Damoclès au-dessus de la tête et vous avez intérêt à vous tenir à carreau », explique la présidente. « Cela veut dire qu’elle repart et qu’elle va pouvoir remettre le feu à ma baraque », réagit interloqué la victime...